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De battre mon cœur s’est arrêté… à l’Aéroport Marseille-Provence

Sur le papier, le projet “Coeur d’Aéroport” se défend de vouloir développer toute capacité d’accueil. Notre analyse prouve qu’il s’inscrit clairement dans une perspective d’augmentation du trafic. Or celle-ci est désormais non avérée et, de plus, non souhaitable, eu égard aux engagements pris par la France au niveau de la COP 21 et par notre territoire via son Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable des Territoires.

La demande d’un nouveau permis de construire a pour objectif l’extension de l’aéroport comprenant la création d’un cœur d’aérogare de 22.000 m²et le réaménagement des halls A et B du terminal 1.

Il nous apparaît être incohérent en matière de consommation énergétique, d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants, tant en ce qui concerne le trafic aérien que celui du transport terrestre d’approche de l’aéroport. L’augmentation du nombre de guichets d’enregistrement, de portes d’embarquement, de commerces traduit cette vision contraire à tous les documents d’orientation actuels. Pour mémoire, l’heure est actuellement à la relance des trains de nuit, pour lesquels la Métropole Aix-Marseille- Provence est particulièrement bien positionnée sur les axes nord/sud et est/ouest européens.

Aucune connexion avec les transports collectifs

La « rationalisation des flux de passagers » relève d’une approche bien éloignée du vécu des passagers : la plupart des grands aéroports est organisée en plates-formes distinctes ; cette dichotomie garantit, de plus, la continuité d’une exploitation, fut-ce en mode dégradé, en cas de perturbation ou de blocage d’une partie de la plate-forme ; cette « rationalisation » est ainsi une fausse bonne idée.

Comme souligné dans le dossier, « l’amélioration de la qualité de service » et « la mise en conformité de l’aéroport aux nouvelles normes de contrôle des bagages de soute » sont clairement présentées comme les compensations à apporter aux multiples contraintes désormais fixées au transport aérien ; aucune alternative n’est présentée pour répondre à ces objectifs.

Il apparait clairement que « le réaménagement des zones commerciales », en fait leur extension, traduit un modèle de consommation particulièrement destructeur pour l’homme et pour l’environnement qui, à ce titre, ne saurait être encouragé.

L’objectif cité d’« accompagner le développement et la compétitivité de notre région » ne fait l’objet d’aucune démonstration et ne peut, à ce titre, être retenu comme un argument en faveur du projet. Le rôle visé de « porte d’entrée [à] l’image forte » se heurte à la faiblesse de l’ambition en matière d’interconnexion en transport collectif. La page 31 de la plaquette de présentation évoque « la mise en place d’un transport par câble avec la gare de Vitrolles Aéroport Marseille Provence et la création d’une desserte directe en navette avec Aubagne ». Outre le peu d’écho que les propositions portées par le gestionnaire de l’aéroport ont à ce jour auprès des décideurs politiques et techniques (SNCF), le projet ne présente pas l’articulation avec ces projets.
Pour mémoire, la mise en valeur paysagère d’un tracé direct, majoritairement au sol, pour la liaison aéroport / gare de Vitrolles contribuerait, lui, à la mise en valeur d’une « porte d’entrée à l’image forte ».

Faible qualité environnementale

Les affirmations sur la recherche d’une « haute qualité environnementale » ne trouvent pas leur traduction dans :

  • la production et l’utilisation d’énergies renouvelables : la phrase « Elle pourra recevoir des panneaux photovoltaïques » est peu engageante
  • la recherche d’une absence d’artificialisation nette des sols (cf. instruction du gouvernement du 29 juillet 2019) : « Le projet global entraînera toutefois la perte d’une dizaine d’hectares de zones enherbées, et une compensation environnementale est prévue sur le site de Cossure, dans la plaine de la Crau, qui fait l’objet d’un projet de réhabilitation d’un espace favorable à la biodiversité. » ; cette notion de compensation relève de la supercherie : la valorisation naturelle ou agricole de ces terres n’a pas besoin du projet d’extension de l’aéroport.
  • Les conséquences néfastes du projet global en matière d’atteinte aux espèces animales, dont certaines menacées, et à la tranquillité des riverains, justifient le rejet de ce projet d’extension de l’aéroport.
Externalités négatives

Vu sa localisation, le chantier pénalisera, de facto, s’il se réalise, l’accès aux aérogares 1 et 2, notamment pour les usagers y accédant en transport en commun : pénalisation de la circulation des cars, et des parcours piétonniers. Ces externalités négatives ne sont pas prises en compte dans le projet.

Eu égard à l’ensemble de ces observations, FNE13 ne peut qu’émettre un avis très défavorable à la réalisation de ce projet anachronique.


Stéphane COPPEY – Jean-Luc MOYA pour FNE13