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Enquête publique sur un projet d’exploitation d’alluvions dans les nappes phréatiques de Durance

Dans le cadre de l’enquête publique sur un projet d’exploitation d’alluvions dans les nappes phréatiques de Durance et Alpilles par Lafarge granulats sud (de Sénas Eyguières), actuellement en fin de production superficielle sur la commune de Senas, nous vous faisons part de nos remarques ci-dessous sur ce projet que nous considérons comme étant dangereux.

Non-respect du droit à l’information du public

Nous vous faisons remarquer que les éléments qui devait être mis en ligne comme indiqué dans l’avis d’enquête publique, ne le sont pas à cause des difficultés techniques selon Monsieur Manes en poste à la préfecture.
En l’absence des éléments sur Internet, les personnes travaillant du lundi au vendredi n’ont pas pu accéder aux informations les plus importantes compte tenu des jours et horaires de présence du Commissaire Enquêteur.
Le droit d’information du public n’a pas été respecté dans cette enquête publique.

Protection de notre eau potable

Le rapport ARTELIA indique clairement que le creusement de nouveaux bassins va accroître la surface d’affleurement.
Nous estimons trop dangereux de fragiliser cette nappe, d’autant plus que le site de la carrière de LAFARGE SENAS se situe à proximité immédiate canal Gamet et de la prise d’eau potable d’Orgon sur le chemin Donné.
Le dossier indique que le risque de ruissellement des eaux pluviales venant de l’amont de la carrière est évoqué comme étant un fait que la direction des routes du Conseil Général doit traiter. Nous souhaitons connaître quelles sont les solutions qui ont été apportées.
Il est vrai que LAFARGE a identifié ce risque dans son dossier : en cas de pollution ils s’engagent à fournir de l’eau en bouteille. Cette solution nous semble pour le moins précaire et n’a aucun caractère préventif. Nous aurions préféré que Lafarge s’engage en plus à dépolluer les sites impactés et à indemniser les acteurs locaux utilisant cette ressource car cette mesure ne permet pas de maintenir les activités agricoles, arboricoles et horticoles.
De plus, les incendies de 2012 ont détruit la végétation et l’humus, il n’y a plus de stockage d’eau et plus aucun filtre. La quantité d’eau se déversant est donc plus importante et la lixiviation des déchets de la décharge d’Eyguières accélérée. Les quantités de polluants n’ont pas été mesurées depuis cet accident et nous le déplorons.
Les pollutions accidentelles (gas-oil, huiles, fumées, etc…) par les engins de chantier dans une exploitation en eau, sont trop peu développées.

Protection de La Durance

Les eaux superficielles de la Durance sont riches en milieux aquatiques remarquables : présence de
ZICO et de ZNIEFF pour certains tronçons, d’autres restent encore en attente d’inventaire.
La Val de Durance accueille des espèces animales et végétales endémiques, rares, à forte valeur patrimoniale.
La nappe alluviale de la Durance est classée milieu remarquable à forte valeur patrimoniale. Une pollution de la nappe provoquerait une mise en danger de La Durance qui alimente 400 000 habitants en haute saison.
Le ministère du Développement Durable indique que « la ressource en eau constitue un enjeu transversal pour la santé, la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire, l’éducation, l’énergie, le développement économique et l’aménagement du territoire » et qu’elle représente un défi demain mais également aujourd’hui.

Impact sur la biodiversité

De même que le Syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional des Alpilles, nous observons que le périmètre de l’étude d’impact et celui de l’étude d’incidences Natura 2000 n’est pas le même.
Dans le rapport, il est également noté qu’aucune mare ne sera impactée par le projet mais il est écrit dans la mesure de réduction R2 que « Les autres mares de reproduction, plus ponctuelles, devront également, dans la mesure du possible, être évitées par les activités au sein de la carrière. ». De fait, les points d’eau temporaires n’étant pas considérés comme des mares, ne pourraient ils pas être détruits par l’activité et cela sans contrepartie ?
De plus nos associations locales nous ont fait constater que les habitats des espèces animales inventoriées n’ont pas tous été recensés en habitats naturels : les zones humides et mares temporaires ont été amalgamées dans les friches mésophiles. De fait, l’impact du projet a été jugé très faible alors qu’il est prévu la destruction d’un hectare sans que soit précisé s’il s’agit de milieux potentiellement humides et donc avec des enjeux très forts.
Pour finir, une espèce d’invertébrés, inféodée aux milieux humides, le Leste à grands stigmas, a été inventoriée sur la zone de creusement et présente un enjeu local de conservation fort. Il est prévu la destruction de la zone de chasse de cette espèce de libellule alors que l’impact est jugé très faible. Nous vous signalons que cette espèce est inscrite sur la liste rouge nationale en danger.

Il est prévu des suivis, contrôles et évaluations des mesures en faveur de la biodiversité mais il n’est fait mention d’aucune obligation ni de réalisation ni de diffusion des données. Nous aurions aimé que ces informations soit publique et que les mesures compensatoires soit suivi par une association local de protection de la Nature et de l’environnement.

A la lecture de ces éléments et du risque trop important, nous vous demandons de donner un avis défavorable à ce projet.