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La pollution ou la “chose électrique” ?

C’est en substance le choix qui est laissé aux citoyens dans le cadre du projet d’une ligne de 400.000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent, dans le Gard et la commune de Fos-sur-Mer.

FNE Bouches-du-Rhône a eu le privilège de pouvoir assister à cette première réunion de présentation le 16 novembre 2023. Possibilité qui n’a pas été offerte à de nombreux autres acteurs du territoire (dont plusieurs associations membres de notre fédération) et gentiment « évités » à cette session d’ouverture et interdit d’entrée le jour même. Alors qu’il y avait encore de nombreux sièges vides, nous dénonçons ce premier déni de démocratie, signe d’une volonté de concertation toute relative.

Le fantasme techniciste de la décarbonation

Le projet, porté par RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a pour objectif de tirer une ligne électrique aérienne à deux circuits de très haute tension sur une distance de 65 km entre les postes de Jonquières et celui de la Feuillane à Fos.

L’objectif avoué est de participer à la décarbonation de la Zone Industrialo-Portuaire (ZIP) de Fos et notamment ses 3 raffineries et 2 terminaux méthaniers. Cette dernière est le deuxième site le plus émetteur de gaz à effet de serre de France après Dunkerque.

Une fois de plus, la sobriété, un pilier fondamental de la transition écologique exigée par un nombre grandissant d’experts, d’institutions et d’associations comme NACICCA reste dans l’angle mort des pouvoirs publics. Sans transformations profondes de nos modes de vie et de production, la France pourra-t-elle ne sera jamais à la hauteur des enjeux environnementaux.

Que se passera-t-il quand notre territoire sera un des plus gros consommateur d’électricité en France et que ses coûts de production ne cesseront d’augmenter comme c’est déjà le cas en ce moment ? Quelle sera l’étape d’après, une centrale nucléaire aux portes de nos maisons comme évoqué par le chef de l’Etat ?

Une autoroute de plus !

Les travaux, s’ils passent la phase de concertation, débuteraient en 2028 pour un investissement de 300 millions d’euros. L’aire d’étude du tracé a été présentée sur la base d’une bande de 48 km de long sur 14 de large pour plus de 600 km ² au total. Elle concerne 10 communes :

  • 5 dans les Bouches-du-Rhône : Arles, Saint-Martin-de-Crau, Tarascon, Fos et Port-Saint-Louis
  • 5 dans le Gard : Beaucaire, Bellegarde, Fourques, Jonquières, Vallabrègues

Après validation de l’aire d’étude associée au projet, une analyse multicritère précise sera menée à l’intérieur de cette aire d’étude de façon à déterminer des fuseaux de passages possibles.

Une autoroute de pylônes de 50 mètres de haut qui se verront aussi bien que la fameuse Tour Luma et qui viendra s’ajouter à la balafre attendue du futur contournement autoroutier d’Arles.

Un projet colossal aux enjeux environnementaux et sociaux très importants

La concertation n’a pas vraiment le droit au loupé, car ce projet colossal devra acheminer une énorme quantité d’électricité : 5.000 mégawatts, l’équivalent de la consommation annuelle de cinq millions de personnes. Il permettrait de doubler la consommation d’électricité de notre région.

En l’état actuelle l’aire d’étude impacterait :

  • 1 réserve de Biosphère (Camargue)
  • 2 sites Ramsar (Zone humide d’importance internationale) (Camargue et Petite Camargue)
  • 21 sites Natura 2000
  • 75 zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique
  • 9 zones importantes pour la conservation des oiseaux
  • 2 parcs naturels régionaux (Camargue et Alpilles)
  • 3 réserves nationales (Coussouls de Crau, Marais du Vigueirat et Camargue)
  • 4 réserves régionales (L’Ilon, Poitevine-Regarde-Venir, Pourra-Ranquet et Tour du Valat)
  • 10 espaces naturels sensibles

Nul besoin de préciser que les enjeux biodiversité sont considérables sur ce dossier. Sans compter les atteintes possibles à certains sites pour leur intérêt paysager remarquable.

FNE Bouches-du-Rhône reste très vigilant sur ce dossierAlors que notre territoire accueille de nombreuses réserves naturelles et d’espaces naturels sensibles, les enjeux d’acceptabilité s’annoncent immenses. La concertation du public est prévue pour le 1er trimestre 2024.