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Le programme “Sauvons nos terres agricoles” fait des émules

Riche, intense, de grande qualité, motivant, très utile, trop court…telles ont été les réactions des participants à la Conférence-débat “Sauvons nos terres agricoles” organisée par FNE13 le 07 novembre dans les locaux de la Mairie des 1er et 7ème arrondissements de Marseille. Un beau “cadeau de bienvenue” pour Richard Hardouin qui venait de prendre ses fonctions de Président de la Fédération la veille de cette rencontre.

“22.000 hectares, soit l’équivalent de la superficie de la Ville de Marseille, voila ce que nous avons perdu en 30 ans martèle Alain Goléa de l’association Forum Citoyen, à l’origine et porteur de cette initiative inédite sur notre territoire avec le soutien de FNE13. Puis d’enchaîner sur la présentation de notre démarche dont le but n’est pas uniquement de recenser les terres arables menacées sur notre département mais aussi de proposer des solutions alternatives.

L’Etat se mobilise (enfin ?!)

A la centaine de participants présents, un rappel a été fait sur la récente instruction du Gouvernement du 29 juillet 2019 en faveur d’une gestion économe de l’espace. Elle est l’application concrète du principe de “zéro artificialisation nette” prôné par le Président de la République en mai dernier suite à la publication de la loi ELAN en 2018.

Adressée aux Préfets de Région et de Départements et aux acteurs publics concernés (DREAL, DRIA, DRAAF, DDTM), elle est on ne peut plus claire sur ses intentions : “Vous devez agir au nom de l’Etat pour faciliter aujourd’hui et pour demain des projets de développement des territoires équilibrés, sobres en consommation d’espace, qui veillent à un meilleur usage des terres et  préviennent la crise sociale. La gestion économe de l’espace doit s’envisager comme un objectif de convergence et de cohérence de nos  politiques publiques en matière d’énergie, de climat, d’écologie, d’urbanisme, de cohésion et d’agriculture, et non comme une politique sectorielle supplémentaire. Il est essentiel de promouvoir des projets urbains qui délaissent une logique d’offre foncière au profit d’une vision politique et d’un projet de territoire raisonné.”

Penser global, agir local

A travers les multiples questions adressées par la salle à nos quatre invités, les initiatives locales ont pu être mises en exergue.

De gauche à droite : Catherine Ponçon (agricultrice bio à Salon de Provence), Patrick Magro (Conseiller Municipal de Septèmes Les vallons et Conseiller territorial) Marie-Pierre Callet (6ème Vice-Présidente du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône et agricultrice à Maussane Les Alpilles) Christian Amiraty (Maire de Gignac-la-Nerthe et Conseiller Territorial)

La question de la préservation des terres a très rapidement trouvé réponse auprès de Catherine Ponçon qui présente une vision “idyllique” mais réaliste du rôle possible des communes à ce niveau. Considérant la terre comme un bien commun, au même titre que l’eau et l’air, elle évoque l’idée de louer les terres agricoles communales à des porteurs de projet sur une logique de “bail à carrière”. En somme, être locataire de la terre que l’on cultive plutôt que d’en être propriétaire. Une solution déjà portée par l’association Terre de Liens permettant à de jeunes agriculteurs de s’installer sans mobiliser des capitaux sur du foncier.

Une vision alternative qui réjouit Patrick Magro, invitant tous les participants à “lui donner les clés”, et profitant de la proposition de Catherine Ponçon pour évoquer son expérience et son engagement sur le sujet. Ce dernier a fait de la sanctuarisation des terres agricoles un enjeu central. « Les constructions illicites et les fausses donations sont vite apparues comme intolérables sur un territoire qui a tous les atouts pour être un formidable site de maraîchage péri-urbain » estime t-il. “C’est une affaire ancienne et complexe, qui tient notamment à la faiblesse des retraites des agriculteurs qui ont du mal à trouver des successeurs et préfèrent parfois vendre pour un usage détourné”.

Reconvertir les friches industrielles

Après un rapide rappel des dispositifs du CD13 pour aider au maintien et au développement de l’agriculture dans les Bouches-du-Rhône, Marie-Pierre Callet a également soulevé la problématique des terres et terrains en friches. Il existe, selon elle, près de 900 hectares de friches industrielles dans l’enceinte du Grand Port Maritime de Marseille. On peut, en effet, analyser ce sujet suivant une logique qui s’apparente à celle adoptée en matière de traitement des déchets : le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Appliqué au foncier, on peut très bien en déduire que la reconversion de ces espaces pourraient judicieusement éviter que des projets n’aboutissent au déclassement de terres agricoles alors que des lieux bétonnés existent déjà.

Notre autonomie alimentaire au cœur des débats

Une affirmation qui fait écho à l’engagement de l’Association Agir pour la Crau, très active sur la défense des terres fertiles sur tout l’ouest du département et qui a pris une part active à ce projet. Répondant à une question de la salle, Jean-Luc Moya a rappelé à l’auditoire quelques chiffres très parlants.

Selon le cabinet Utopies qui a réalisé une analyse auprès d’une centaine de zones urbaines en France, l’autonomie alimentaire moyenne de ces territoires s’élève à 2% à peine. Le podium revient à Avignon avec 8% tandis que l’aire marseillaise est à 2,2%.

Le plus incompréhensible dans tout cela est lié au fait que 98% du contenu des aliments consommés localement sont importés. Et la raison n’est aucunement une carence de production alimentaire sur les territoires en question, puisque dans le même temps, 97% de l’agriculture locale des 100 premières aires urbaines finit dans des produits alimentaires consommés à l’extérieur du territoire…

Garden Lab, le projet agro-écologique, alimentaire et citoyen innovant de Gignac-la-Nerthe”

Christian Amiraty nous rappelle les origines de ce projet original « Quand j’ai été élu, les terres agricoles étaient détournées de leurs usages et disparaissaient les unes après les autres. L’un des axes majeurs de mon action était donc de fonder un projet agricole communal. » .

La ville a donc fait l’acquisition de 60 hectares avec 3 priorités : développer de nouvelles exploitations agricoles, favoriser l’agro-écologie et l’innovation en matière de production agricole, et développer la collaboration et le partage entre habitants autour d’ateliers pédagogiques, de jardins potagers partagés,…

Essaimage

En conclusion de cette conférence passionnante, après avoir rapidement évoqué le rôle de l’Etablissement Public Foncier, les ambitions du Sraddet Paca auquel FNE13 a apporté sa contribution, l’exemple de la Commission de Protection du Territoire du Quebec à l’instar de nos CDPENAF (Commission Départementale de Protection des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers) dont les pouvoirs ne sont pas assez importants,… Alain Goléa nous a fait part de sa joie de constater que plusieurs associations issues des départements du Vaucluse et des Alpes-Maritimes souhaitent se raccrocher à cette initiative. Gilles Marcel, Président de FNE Paca et présent ce soir veillera à ce que la fédération régionale soit une force de soutien et de lien entre toutes ces initiatives.

Prochain rendez-vous le 14 décembre

FNE13 invite toutes les structures et associations désireuses de s’intégrer à cette démarche à s’inscrire à un événement qui se tiendra le samedi 14 décembre sur la commune de Gignac-La-Nerthe. Nous prendrons contact avec elles.

Remerciements : Mairie des 1er et 7ème arrondissements de Marseille (Mois de l’écologie positive) ainsi que son personnel – Pierre Isnard-Dupuy (Marsactu) – Clément Chassot (Le Ravi) – Catherine Ponçon – Marie-Pierre Callet – Patrick Magro – Christian Amyraty