Le projet de ligne aérienne THT ne remplit pas les conditions pour obtenir une dérogation réglementaire selon l’article L411-1 du Code de l’environnement compte tenu notamment du risque d’extinction qu’il ferait peser sur l’unique population nicheuse de Ganga cata en France.
Sa réalisation dans cet état poserait un risque majeur de contentieux au niveau national et européen, en raison de la remise en cause potentielle des objectifs de conservation assignés à ces des espèces d’oiseaux menacées.
Telles sont en substance les conclusions d’une note de la Dreal Occitanie en date du 06 novembre 2025 adressée au cabinet d’étude Egis en charge notamment des études et de la maîtrise d’œuvre du projet.
5 espèces d’oiseaux protégés menacés d’extinction par la ligne aérienne THT
Le projet de ligne Très Haute Tension (THT) Fos-Jonquières met gravement en danger plusieurs espèces d’oiseaux menacées, dont l’Aigle de Bonelli, le Faucon crécerellette, l’Outarde canepetière, le Ganga cata et l’Alouette calandre. Ces espèces, toutes inscrites aux Plans Nationaux d’Actions ainsi qu’aux listes nationales et européennes de protection, voient leur survie compromise par le tracé actuel.
La prétendue option de « moindre impact » traverse les zones vitales pour ces oiseaux : leurs domaines de vie, voies migratoires, aires de distribution et zones de dispersion des jeunes. Ce choix maximise les risques, notamment pour le Ganga cata et l’Alouette calandre, qui ont déjà connu un déclin brutal en France à cause de la destruction de leurs habitats méditerranéens.
Le risque de mortalité par collision avec les câbles aériens est critique, en particulier pour le Ganga cata. Plus de 20 % du principal noyau de population traversé par la ligne pourrait disparaître, ce qui conduirait à un risque réel d’extinction de l’espèce sur le territoire français.
L’Outarde canepetière, également en danger critique, souffrait de la fragmentation de ses deux principaux noyaux situés entre le Gard et la Crau. La ligne aérienne THT ne ferait qu’augmenter les mortalités par collision, tout en perturbant la circulation et la reproduction de ces oiseaux, aggravant une dynamique déjà défavorable.
Le projet impacte également l’Aigle de Bonelli, en léger renouveau mais fragile, dont les zones de dispersion et d’erratisme juvénile seront affectées, ainsi que le Faucon crécerellette, qui concentre 23% de ses couples nicheurs en Crau, exposé à des risques réels.

Une perte de biodiversité (in)compensable
Les possibilités de mesures de réduction efficaces proposées par RTE sont limitées car elles sont peu adaptées aux espèces impactées : l’utilisation de balisage sur les lignes aériennes, principale mesure d’atténuation, permet selon les contextes et les espèces une diminution des cas de mortalité. Mais cet effet n’est pas suffisant pour garantir le maintien en bon état de conservation des populations impactées.
Au-delà des espèces individuelles, ce projet menace la continuité écologique inter-plaque Crau-Gard ainsi que la qualité des corridors migrateurs, essentiels à la connectivité et à la résilience des populations d’oiseaux et autres taxons protégés.
La compensation écologique, quant à elle, repose sur des mesures qui doivent idéalement assurer une absence de perte nette, voire un gain net de biodiversité. Or pour des espèces très sensibles et menacées, comme le ganga cata et l’aigle de Bonelli, la perte d’individus ou d’habitat ne peut pas toujours être compensée par un habitat neuf ou restauré, notamment à cause de contraintes spatio-temporelles, de la qualité biologique des zones compensatoires, et du temps long nécessaire à la recolonisation. Cela souligne l’importance prioritaire de la conservation et la restauration des habitats existants, en évitant au maximum leur destruction.

Après la tierce expertise technique, une tierce expertise biodiversité
La récente note de la DREAL Occitanie, tout comme la position indépendante de Supelec, qui a rappelé la cohérence de la solution technique alternative proposée par le Collectif THT13/30 est une véritable « tierce expertise biodiversité » et confirme la gravité des enjeux naturalistes et l’urgence de repenser ce projet.
Cette note produite par un service de l’Etat avec une posture d’expertise indépendante lui confère un statut officiel mais techniquement neutre, hors des sphères d’influence directe des porteurs du projet ou du Collectif THT13/30, renforçant son poids comme expertise neutre s’appuyant sur des données scientifiques et des travaux récents.
Des recours contentieux nombreux et aux véritables chances de succès
Grâce à ces derniers éléments, ses nombreuses compétences en matière naturaliste et ses capacités techniques et financières d’agir en justice, le collectif THT 13-30 peut bâtir des recours sur des bases scientifiques, réglementaires et techniques solides, en démontrant que le projet dans sa forme actuelle pose un risque réel et non compensé pour la biodiversité, et que des alternatives techniquement viables existent.
Cela donne un réel espoir fondé de succès dans une procédure contentieuse, notamment devant les juridictions administratives compétentes nationales et internationales.