Ligne THT : la décarbonation low-cost

En considérant de manière exclusive que les contraintes de délais et de coûts sont primordiales dans la cadre du projet de ligne 400.000 volts, le Préfet Leclerc souhaite décarboner vite et pas cher, dans le mépris total de l’environnement et la biodiversité.

Depuis avril 2024, la contestation ne faiblit pas contre le projet de ligne à très haute tension (THT) de 400 000 volts reliant Jonquières-Saint-Vincent à Fos-sur-Mer. Porté par RTE et l’État, ce chantier de 60 km cristallise les tensions entre partisans de la décarbonation industrielle et défenseurs de l’environnement.

Un débat public sous haute tension

Organisée par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), la concertation, qui s’achèvera le 13 juillet, vise à discuter de l’avenir de la Zone Industrielle-Portuaire (ZIP) de Fos, 2ème zone la plus émettrice de CO₂ en France.

Mais pour les opposants à la solution aérienne proposée, comme le collectif THT 13/30, le calendrier est jugé suspect : « Les études sur les besoins réels en électricité et les impacts cumulés de tous les projets industriels ne sont toujours pas disponibles », dénonce Jean-Luc Moya, membre du collectif et Administrateur de FNE13.

La dernière réunion en date sur ce projet qui s’est tenue le 30 avril à Beaucaire a été très houleuse. Le préfet Georges-François Leclerc ayant défendu la THT comme « vitale pour la souveraineté énergétique », face à une salle hostile, réunissant près de 400 personnes au sein du Casino municipal.

Réunion publique Ligne THT - Beaucaire le 30.04.25 — © Jean-Luc Moya – 2 Degrés

Il faut dire que ses arguments ont de quoi susciter de vives tensions : les notions de “coûts” et de “délais” ont été clairement posées comme l’alpha et l’oméga dans la future prise de décision de l’arrêté d’utilité publique. Le Préfet ayant bien pris soin de rappeler, qu’au final, “c’est lui qui signerait”.

Préfet George-François Leclerc © Jean-Luc Moya – 2 Degrés

Rappelons une fois de plus, qu’une solution alternative a été proposée par le collectif Stop THT 13-30, laquelle repose sur un tracé enterré sur une distance de 53 km contre 65 km pour RTE, à 96 % sur des terrains publics, le long de remblais, des bords de digues et de routes et comprenant une partie ensouillée dans le Rhône à Arles.

À territoire exceptionnel, solution exceptionnelle ! », clame Jean-Laurent Lucchesi (THT 13/30), évoquant les paysages agricoles et la biodiversité de la Camargue.
Jean-Laurent Lucchesi est Président de Vigueirat Nature, membre de FNE13

Un front associatif, économique et agricole inédit

Au cours de cette réunion publique, les Maires des communes de Bellegarde et de Beaucaire ont répété leur opposition à ce projet délétère pour notre économie, notre agriculture, notre culture et notre tourisme.

Luc Perrin de l’Association Sauvegarde Terre d’Argence Luc Perrin a rappelé et insisté sur la fait que la solution alternative portée par le Collectif THT13/30 intègre des possibles retombées économiques et de créations d’emplois dans le Gard.

Cyril Marès, Président des vins AOC Costières de Nîmes a exhorté les industriels présents dans la salle à travailler avec nous, main dans la main, pour une solution gagnant-gagnant. Prenant la suite, Axel Wolff, du Conservatoire d’Espaces Naturels PACA (CEN Paca) a, quant à lui, souligné les dangers de cette ligne THT aérienne au cœur de ce qu’il appelle le “triangle d’or de l’ornithologie”.

Jean-Luc Moya, a volontairement questionné le Préfet sur l’indépendance de l’école CentraleSupelec en charge de l’analyse de la solution alternative enterrée quand on sait que cette dernière a un partenariat avec RTE au sein de son établissement avec une Chaire dédiée.

De nombreuses autres interventions du monde associatif ont souligné la force et la synergie créée par le Collectif THT13/30 qui, avec le soutien indéfectible de FNE13, se pose en acteur essentiel du débat et reste une force de proposition inédite sur ce territoire.