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Marseille sous les flammes : une catastrophe pour les habitants, l’environnement et la biodiversité

Un incendie fulgurant, déclenché le 8 juillet 2025 près des Pennes-Mirabeau, s’est étendu jusqu’aux portes de Marseille, ravageant plus de 720 hectares de garrigues, pinèdes et friches périurbaines.

Le vent du Mistral, soufflant à 70 km/h, a attisé la propagation, transformant l’incendie en une menace proche de la ville . Plus de 1 000 pompiers, appuyés par des moyens aériens (Canadairs, Dash), ont été mobilisés pour circonscrire le sinistre. L’aéroport de Marseille-Provence a été temporairement fermé, les vols et les transports ferroviaires suspendus, tandis que plusieurs quartiers étaient évacués et des milliers d’habitants priés de rester chez eux à cause des fumées toxiques.

Le feu a touché soixante-dix maisons, dix ont été totalement détruites, 400 personnes au total ont été évacuées. Selon Atmosud, les concentrations de particules fines PM2.5 ont atteint jusqu’à 1 000 µg/m³ dans les quartiers nord (15e et 16e arrondissements), soit plus de 10 fois le seuil d'”extrêmement mauvaise” qualité de l’air (140 µg/m³).

Un bilan écologique lourd : pertes pour les milieux naturels et la faune

Sur le plan environnemental, l’ampleur est inquiétante : plus de 720 hectares de zones naturelles ont été détruits, affectant des habitats riches en biodiversité méditerranéenne. Les insectes, oiseaux insectivores, petits reptiles et chauves-souris vivant dans la zone sinistrée ont subi des pertes massives, surtout s’ils n’ont pu trouver de refuge dans des poches épargnées par les flammes.

Aucune annonce officielle n’a été faite à date concernant un programme de replantation ou de protection de la biodiversité dans la zone sinistrée.

Contexte aggravant : climat et sécheresse

Cet épisode s’insère dans un été particulièrement difficile. En Europe : plus de 227 000 hectares partis en fumée au niveau continental depuis le début de l’année, soit plus du double de la moyenne des deux dernières décennies. En France, l’incendie de Marseille marque un pic d’intensité dans une saison en alerte maximale face aux risques climatiques extrêmes.

Le réchauffement climatique, en favorisant les canicules prolongées, la sécheresse et l’amplification du vent par le Mistral, étend la saison des incendies et les rend plus violents et imprévisibles.

Face à l’urgence, quelles réponses écologiques ?

Les avis d’experts convergent : il est urgent de passer d’une stratégie de lutte réactive à une approche de prévention et gestion des territoires. Selon l’INRAE, les incendies vont croître en nombre et en intensité dans les zones méditerranéennes, ce qui nécessite une meilleure gestion des zones périurbaines et rurales. Thierry Tatoni, chercheur à l’IMBE, rappelle que les écosystèmes méditerranéens tolèrent les feux espacés et peu étendus, mais que les incendies de plus en plus fréquents compromettent les capacités de régénération naturelle. Dans une tribune pour le journal Le Monde, il plaide pour une stratégie d’aménagement, avec corridors agricoles, compostage des déchets verts et zones-tampons entre forêts et zones habitées.

Cet incendie est le symbole de l’urgence environnementale : il met en lumière les conséquences dramatiques des feux de forêt sur la biodiversité méditerranéenne ainsi que l’impact croissant du changement climatique dans notre région.


Crédit photo : © CC Source: pixabay.com / Auteur: manfredrichter