La proposition de loi Duplomb, du nom du sénateur Laurent Duplomb, est présentée comme une mesure censée « simplifier la vie des agriculteurs ». Mais sous ce prétexte de soutien à la profession, elle cache en réalité un véritable danger pour l’environnement, la santé publique et l’avenir même de notre agriculture.
La PPL Duplomb s’inscrit dans une logique industrielle et intensive, à contre-courant des nécessités écologiques actuelles. Elle propose notamment :
- La réintroduction de pesticides dangereux : Le texte prévoit la réautorisation de substances comme l’acétamipride, un insecticide proche des néonicotinoïdes, interdits en France depuis plusieurs années à cause de leur toxicité pour les pollinisateurs et la santé humaine. Cette mesure est une régression majeure, alors que les effets dévastateurs de ces produits sur la biodiversité et la santé sont largement documentés.
- L’expansion des élevages intensifs : La loi vise à faciliter l’installation et l’agrandissement des fermes-usines en relevant les seuils d’autorisation pour les élevages industriels, ce qui risque d’accroître la pollution des sols et des eaux, ainsi que les nuisances pour les riverains et l’environnement.
- La promotion des mégabassines : le texte facilite la création de retenues d’eau géantes, au détriment des zones humides, essentielles à la régulation du climat, à la gestion des inondations et à la préservation de la biodiversité.
- L’affaiblissement des protections environnementales : La loi prévoit d’assouplir les procédures d’autorisation environnementale et de réduire les contrôles, fragilisant ainsi la protection des écosystèmes et la santé des citoyens.
Une adoption sans débat démocratique
Ce texte, qui a suscité une vive opposition de la part des associations environnementales et de nombreux agriculteurs, a été adopté dans des conditions dénoncées comme un véritable « hold-up démocratique ». Une motion de rejet a été déposée pour contourner le débat parlementaire, empêchant ainsi l’examen des milliers d’amendements proposés. Résultat : la loi a été envoyée en commission mixte paritaire sans véritable discussion publique.
La proposition de loi va à l’encontre des directives européennes sur l’eau et les pesticides. Elle expose la France à des sanctions coûteuses, tout en contrevenant à la Charte de l’environnement, qui reconnaît la protection de l’environnement comme un objectif constitutionnel.
La proposition de loi Duplomb n’apporte aucune solution concrète à la crise agricole. Elle perpétue un modèle industriel obsolète, destructeur de l’environnement et de la biodiversité, tout en mettant en danger la santé des agriculteurs et des consommateurs. Elle oppose injustement agriculture et protection de l’environnement, alors que l’avenir de notre alimentation dépend d’une transition agroécologique ambitieuse.
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