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UNOC 3 : un océan de défis

La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan s’est achevée à Nice, marquant une étape importante pour la mobilisation internationale en faveur de la préservation des mers.

Une mobilisation inédite

Du 8 au 13 juin 2025, Nice a accueilli près de 64 chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des représentants de la société civile, du secteur privé, des ONG et du monde scientifique. L’objectif : renforcer la coopération internationale pour protéger l’océan, ce bien commun menacé par la surpêche, la pollution plastique, le changement climatique et l’exploitation minière des grands fonds marins.

La conférence a permis de réunir des acteurs très divers autour d’un même constat : l’océan est au cœur de cinq grandes crises mondiales : biodiversité, eau, alimentation, santé et climat.

La Conférence s’est ouverte autour de 3 objecifs principaux :

  • priorité 1 : Œuvrer à l’aboutissement des processus multilatéraux liés à l’océan pour rehausser le niveau d’ambition pour la protection de l’océan.
  • priorité 2 : Mobiliser des financements et soutenir le développement d’une économie bleue durable.
  • priorité 3 : Renforcer et mieux diffuser les connaissances liées aux sciences de la mer pour une meilleure prise de décision politique.
© Jean-Luc Moya • 2 degrés Conseil

Les engagements de Nice : une feuille de route ambitieuse

Les « Engagements de Nice pour l’Océan » constituent une feuille de route concrète pour les États et toutes les parties prenantes, dans le cadre de l’Objectif de Développement Durable 14 (vie aquatique). Parmi les principales avancées :

  • Accélération de la ratification du Traité sur la haute mer (BBNJ) : plus de 90 % des pays concernés ont décidé de s’engager pour protéger cet espace commun. Les ratifications nécessaires devraient être atteintes d’ici septembre 2025, permettant l’entrée en vigueur du traité début 2026 et l’organisation de la première COP sur l’océan.
  • Moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins : quatre nouveaux pays ont apporté leur soutien à ce moratoire, portant le total à 37 États. Une coalition s’est formée pour empêcher l’ouverture de cette activité destructrice.
  • Lutte contre la pêche illégale et non déclarée : les États se sont engagés à renforcer leurs moyens de lutte contre ce fléau, qui menace la biodiversité marine et les économies côtières.
  • Extension des aires marines protégées : La France s’est engagée à couvrir 78 % de sa zone économique exclusive par des aires marines protégées d’ici 2026, dont 14,8 % en protection forte (Plus d’infos ici)
  • Plans nationaux pour la protection et la restauration des écosystèmes : 19 États ont annoncé la mise en place de plans nationaux visant à protéger et restaurer les écosystèmes océaniques, notamment les mangroves, et à mieux gérer les déchets côtiers, en particulier plastiques.
  • Appel à un traité ambitieux sur la pollution plastique : Un « Wake up Call » a été lancé pour accélérer les négociations internationales sur ce sujet.

Un élan à confirmer

Si la conférence a permis de remobiliser la science, l’écologie et le multilatéralisme, beaucoup reste à faire.

Si de nombreux engagements volontaires ont été pris par les États, ceux-ci restent non contraignants. À l’exception du traité BBNJ (Biodiversité au-delà des juridictions nationales), qui entrera en vigueur en 2026 et prévoit une COP spécifique, la plupart des mesures annoncées dépendent de la bonne volonté des pays et ne garantissent pas d’actions concrètes ou de suivi strict.

Les financements annoncés restent insuffisants pour répondre à l’ampleur des défis, notamment pour les pays en développement. Les promesses de mobilisation de fonds pour l’économie bleue durable et la conservation marine ne sont pas toujours à la hauteur des besoins identifiés.

Enfin, la voix de la société civile reste souvent marginalisée dans les négociations officielles, même si elle a été plus présente que lors des éditions précédentes.

Il faut maintenant à transformer les promesses en actions concrètes, pour que l’océan retrouve sa place au cœur de nos priorités environnementales.


Retrouvez l’appel en vidéo de scientifiques et ONG pour une meilleure protection des espaces maritimes français (source : France Nature Environnement)

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