FNE13 s’est constituée partie civile dans un procès hors normes sur l’usage de pesticides interdits.
La question pourrait paraître provocatrice. Pourtant, elle reprend l’enjeu d’un procès exceptionnel qui devait se tenir devant le tribunal correctionnel de Marseille : trois journées d’audience étaient prévues, dans les grandes salles de la caserne du Muy (3ᵉ arrondissement). Le procès a été renvoyé au 12, 13 et 14 janvier 2026.
Six agriculteurs et plusieurs sociétés agricoles – situées en majorité dans les Bouches-du-Rhône et la Drôme – devaient y comparaîtront pour une série d’infractions d’une gravité exceptionnelle : importation, détention, stockage et utilisation de produits phytosanitaires interdits, fausses factures, falsification de produits, et atteintes environnementales.
Au total, ce sont 3,5 tonnes de produits interdits qui ont été découvertes au sein de ces exploitations agricoles. Cependant, il est impossible de savoir, à ce stade, combien de tonnes ont déjà été utilisées et déversées sur les cultures, qui représentent un peu moins de 4 000 hectares de surface agricole.
Des produits interdits importés d’Espagne, de Belgique et de Grèce
Les prévenus – parmi lesquels Didier Cornille (Arles et Saint‑Étienne‑du‑Grès • SCEA Reveny), Thierry et Jean‑Michel Royer (Rognonas), Emmanuel Martin (Épinouze, Drôme) et Patrick Roux (Lapeyrouse‑Mornay, Drôme) – sont poursuivis pour avoir, de 2018 à 2024, importé des produits phytopharmaceutiques dépourvus d’autorisation de mise sur le marché en France.
Ces substances provenaient principalement d’Espagne via l’intermédiaire de M. Alain Hébrard , distribuant sous couvert de sociétés comme Agro Naqui des produits déguisés en engrais sur les factures. Les analyses réalisées dans le cadre de l’enquête ont révélé la contrefaçon de plusieurs produits, dont certains labellisés « Finale » (Bayer) contenant du Carfentrazone‑éthyle , un herbicide classé comme très toxique pour les organismes aquatiques et susceptible de causer des effets néfastes à long terme sur l’environnement.
Des pratiques à haut risque pour la santé et l’eau
Les produits interdits ont été stockés dans des conditions dangereuses , parfois directement dans des abris de stations de pompage d’eau potable ou dans des hangars non conformes . Ils ont également été épandus sur des cultures de fruits rouges ou des productions maraîchères , notamment dans le pays d’Arles, Rognonas, et Lapeyrouse‑Mornay (Drôme).
Outre la contamination possible des sols et des nappes phréatiques, ces usages illégaux présentent un risque tangible pour les travailleurs agricoles , les consommateurs et la biodiversité locale .
FNE13 et FNE Provence‑Alpes‑Côte d’Azur : parties civiles pour défendre le bien commun
France Nature Environnement Bouches‑du‑Rhône (FNE13) , aux côtés de la fédération régionale FNE PACA , s’est constituée partie civile dans ce dossier. L’audience, initialement annoncée pour la fin octobre 2025, pourrait être reportée en janvier 2026 , mais l’enjeu reste intact : rappeler que la protection de la nature et de la santé publique ne saurait être reléguée derrière des intérêts économiques.
« Les faits révélés illustrent à quel point la frontière entre production et pollution s’efface quand la recherche de rendement l’emporte sur la loi et sur l’intérêt général. » – FNE13
Pour FNE13, un combat cohérent et déterminé
Comme dans les précédentes affaires environnementales où elle s’est engagée, FNE13 défendra à la barre l’absolue nécessité de préserver les écosystèmes , de protéger les sols, les eaux superficielles et souterraines , les espèces animales , et, in fine, la santé humaine .
Ce procès, par son ampleur et ses implications, rappellera que l’agriculture durable ne peut exister sans respect du droit et de l’environnement.
© CC Source: pixabay.com / Auteur: schauhi
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