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2023 – L’herbicide illégal bentazone toujours utilisé en Camargue !

Des analyses réalisées de mai à juillet 2023 ont révélé une augmentation de la pollution au bentazone, herbicide utilisé par dérogation jusqu’en 2022 par les riziculteurs. FNE13 et FNEPACA ont donc décidé de porter plainte contre X le 4 août 2023  pour utilisation non conforme de bentazone en Camargue au Tribunal judiciaire de Tarascon.

Le bentazone, un herbicide destructeur des milieux aquatiques et dangereux pour la santé humaine 

Le bentazone est une substance active qui agit comme herbicide, et qui était couramment utilisé dans le secteur agricole contre des herbes à feuilles larges, invasives pour la culture du riz (principalement les Echinochloa crus-galliOryza sativa crodoBolboschoenus maritimusLindernia dubiaTypha  spp, et Alisma lanceolatum)

Du fait de sa dangerosité, son utilisation est devenue interdite en France au cours de l’année 2022, et le produit n’a bénéficié d’aucune autorisation de mise sur le marché pour 2023. 

Le bentazone est particulièrement reconnu pour sa nocivité sur les organismes aquatiques, et pour les effets néfastes qu’il entraîne à long terme sur l’environnement. Des résultats d’études scientifiques menées sur le sujet ont permis de démontrer que les plantes et les algues aquatiques des rivières y étaient particulièrement sensibles, mais les dégâts sont loin de se limiter à cela. 

L’interconnexion entre les espèces d’un même écosystème aboutit à une contamination générale qui empoisonne aussi les poissons et leurs prédateurs, c’est-à-dire les oiseaux piscivores, certains mammifères… et nous ! En effet, ce produit toxique se retrouve également dans nos assiettes et dans l’eau que nous buvons provenant des rivières et des eaux souterraines.

© CC Source: flickr.com / Auteur: emmrichard

Des atteintes toujours plus fortes portées à un milieu abritant une biodiversité rare et exceptionnelle

La Camargue est une zone humide protégée en raison de sa biodiversité exceptionnelle, aux enjeux de conservation considérables et de ce fait mondialement reconnue. Les milieux qu’elle abrite tels que les steppes salées, les lagunes ou encore les marais jouent un rôle primordial de refuge pour de nombreuses espèces rares d’animaux et de plantes. 

C’est pourquoi elle bénéficie depuis des décennies de multiples mécanismes de protections accordés par le droit français et le droit international : 

Elle est classée en réserve naturelle depuis 1975, puis reconnu réserve de biosphère de l’UNESCO en 1977 (classement qui a été renouvelé en 2016). Un peu plus tard en 1986, elle est classée « zone humide d’importance internationale » au titre de la Convention Ramsar. Le site est également classé site Natura 2000

Malgré les efforts de protection mis en œuvre, la Camargue subit toujours les effets d’une agriculture productiviste par l’usage de polluants tels que les herbicides mais aussi les pesticides et les intrants chimiques. 

C’est ainsi que les eaux des multiples canaux irrigant la Camargue se trouvent chargés en polluants et par gravité s’évacuent en grande partie dans l’étang du Vaccarès. Les herbiers de zostères se dégradent, les cyanobactéries prolifèrent et affectent la qualité sanitaire des eaux. Plus de 70 contaminants (pesticides, HAP, micropolluants) y ont été trouvés depuis 2011. 

La nécessité de changer de modèle agricole

La Camargue ne fait pas exception, victime qu’elle est d’un modèle agricole productiviste à grand renfort de chimie. Dans le cas présent, la solution adoptée par certains, réside dans la culture en bio du riz, modèle exigeant, nécessitant un cycle de culture de l’ordre de 6 ans et en y associant si possible l’élevage des bovins autochtones semi sauvages « RAÇO DI BIÒU ». A noter aussi l’usage sur le modèle vietnamien, des efficaces désherbeurs que sont les canards.